BENEVOLAT : Le chantier de rénovation du fort de l’île du large

Hello all,

Ceux qui me suivent sur instagram le savent déjà : cet été nous sommes partis avec l’Association des Amis de l’Île du Large Saint-Marcouf (AAILSM) pour une mission de préservation du patrimoine historique.

Initialement nous voulions participer aux travaux de construction du château de Guédelon. J’avait découvert ce projet il y a une dizaine d’années et j’avais très envie de retourner voir l’avancement des travaux et apporter ma pierre à l’édifice avant sa finalisation. Mais la saison était complète et ils n’acceptaient plus de nouveaux bénévoles. C’est grâce au site REMPART que nous avons découvert qu’il existait plein de chantiers en France et partout dans le monde qui étaient prêt à nous accueillir. Et à la lecture de la description du chantier sur l’île du large on a tout de suite été emballé… : « Pendant 1 semaine, en totale autonomie énergétique, coupés du monde, un groupe d’une quinzaine de bénévoles vont participer aux travaux de consolidation de la digue qui entoure un fort napoléonien sur une des îles Saint-Marcouf »… COMMENT DIRE NON A UNE TELLE AVENTURE ??!!

Les îles Saint Marcouf et l’association

Au 6e siècle, Marcouf, moine évangélisateur du Cotentin, trouve sur les îles un lieu propice à la méditation les jours de Carême. 1802 Napoléon 1er, conscient de leur importance, décide de fortifier l’Île du Large pour se protéger des anglais. Le fort est achevé en 1815. Il est alors armé de 48 canons, servis par une garnison de 500 hommes. Le Fort de l’île du Large était destiné à verrouiller la baie de Seine contre les Anglais.

L’île a par la suite été agrémentée d’une poudrière, d’un bâtiment électro-sémaphorique, de douves, d’une digue et d’un port. Elle était toujours entretenue et fréquentée dans les années 1930.

En 1944, à 5h30 du matin, l’île du large est la première terre française à être libérée lors du débarquement en Normandie.

1956

Après la guerre l’île est principalement fréquentée par les plaisanciers. Les marques des confits armés sont toujours visibles et les dégradations commencent à apparaître.

Le temps fait son oeuvre et les inlassables assauts des vagues fragilisent la digue. Des brèches apparaissent progressivement. Aujourd’hui la jetée du port a été emportée par la mer, deux énormes brèches sont apparues dans la digue, et les vagues commencent à s’attaquer aux remparts extérieurs.

2015

C’est en 2009 que l’AAILSM voit le jour avec pour projet de protéger ce patrimoine historique en endiguant la disparition du bâtiment. Grâce au travail des nombreux bénévoles de l’association le batardeau a été sauvé et les digues gagnent en résistance ! Les plus gros ouvrages comme la digue du port, le môle ou les tours nécessitent des interventions monumentales qui ne sont pas accessibles à l’association à l’heure actuelle. Sur la couronne du fort, les murets commencent sérieusement à se déliter, et la végétation dégrade les joints des murs (mais des interdictions empêchent toute intervention pourtant à la portée de l’association).

Récit de notre aventure

JOUR 1

Nous avons embarqué au port de Saint Vaast La Hougue le lundi à 10h. Nos énormes sacs emballés dans des sacs poubelles géants pour les protéger durant la traversée.

Nous entamons alors une traversée de 20 minutes sous la pluie et les embruns. C’est trempés que nous arrivons dans le petit port de l’île du large. On débarque nos affaires et on se met à la découverte du site. Le fort, la poudrière qui nous servira de lieu de vie et de cuisine, l’espace camping, les locaux sanitaires avec les toilettes sèches, l’ancienne maison du gardien, la terrasse aménagée sur laquelle on prendra de nombreux repas.

Le second bateau arrive avec les vivres pour la semaine : des fruits et légumes frais, de la viande, des biscuits, de la boisson, des camemberts… Tout le monde est au complet, alors on prend notre premier repas sur la terrasse.

On passera le reste de la journée à ranger les vivres dans la poudrière, monter le campement, et prendre possession des lieux grâce à Thierry, chef de la troupe qui nous fait faire le tour de l’île et du fort.

On apprend à se connaitre les uns et les autres étant donné que nous allons passer toute la semaine ensemble en autonomie et promiscuité. Les profils sont différents mais nous sommes tous animés par la même envie d’aventure, de découverte, d’apprentissage et le sentiment de participer à la conservation du patrimoine. Des étudiants, une directrice d’école, une ancienne militaire, un informaticien fraîchement retraité, un lycéen en formation de cuisine,… Une majorité de femmes, et une moyenne d’âge aux alentours de 25 ans.

On découvre également le système de douche sur l’île. Un simple réservoir sous pression, de l’eau chaude, et on prend la direction du local sanitaire pour prendre une douche avec tout ce qu’il faut pour se sentir bien 🙂

Le soir, nous prenons le repas dans la poudrière et on fait les plans pour le lendemain. Chacun est assigné à une tâche, rendez-vous à 9h le lendemain matin pour commencer les travaux.

JOUR 2

C’est une nuit difficile que nous avons passée. Nous avons découvert que les goélands se mettaient à hurler autour du campement au lever du soleil. Un vacarme qui dure environ une heure et qui réveil toute l’assemblée ^^ Ce jour là nous avions décidé de se lever plus tôt pour voir le soleil poindre à l’horizon. Pas de chance, il y avait des nuages ce jour là. C’est pas grave, quitte à être réveillés certains d’entre nous commencent à prendre leur petit déjeuner.

A 9h on prend tous nos postes pour la matinée. 2 groupes partent sur les portions de la digue pour refaire les joints et consolider les pierres, 1 groupe part au déblaiement des pierres du corps de garde éboulé et 1 groupe fabrique du mortier. Et aujourd’hui : j’apprends à faire du mortier à la chaux ! Nous allons chercher de l’eau de mer dans le port, et on entame le mélange de sable, de chaux et d’eau. Les premiers sots qui partent aux différents postes ne sont vraiment pas réussis. Elle est bien trop liquide pour faire des joints verticaux. Les ajustements demanderont plusieurs essais avant d’obtenir la recette parfaite. Vers 11h on décide de préparer un petit ravitaillement pour les travailleurs.

Christine la cuisinière pour tout le séjour s’est activée toute la matinée pour nous préparer un festin. Le midi on prend le repas sur la terrasse.

L’après midi, je rejoins le groupe de la digue Nord. Nous y sommes allé en bâteau puisque la marée haute empêche l’accès à cette partie à cause des brèches. On se sent seuls au monde, isolés sur notre petit bout de digue. L’ambiance est bonne, on travaille entre de la musique et les blagues des uns et des autres. Un talkie nous permet de demander des ravitaillements réguliers en mortier.

Vers 16h un bateau spécial goûter arrive pour nous permettre de prendre une pause. Une heure et demi plus tard, lorsque la mer s’est enfin retirée, on traverse à nouveau à pied pour rejoindre le reste du groupe pour la soirée. Les garçons avaient trouvé les cannes à pêche dans la poudrière et sont partis au bord de l’eau pour essayer de faire une prise. Ils sont revenus avec 3 bars !

JOUR 3

Encore un matin où on maudit les goélands criards.

Encore une fois nous nous étions réparti les tâches pour la journée. Je refais de la chaux, une équipe termine les travaux sur la digue Nord, le déblaiement se poursuis. Entre les collations et les riches repas, et les barbecues nous ne sommes vraiment pas mal traités !!! L’après-midi une partie de l’équipe se déplacent sur la digue de la Cognée, celle ci aussi inaccessible à pied à marée haute. D’autres membres de l’association arrivent pour changer le moteur de l’annexe et entreprendre le montage d’un mât pour le drapeau normand qui devait être en place pour le lendemain. Nous apprenons qu’une équipe de journalistes de TF1 et du Paris-Normandie devait venir.

Le soir, les poissons pêchés la veille sont préparés. Un petit rituel d’observation du coucher de soleil se met en place. On décide d’allumer un feu sur les rochers pour jouter à une partie de Loup garou.

JOUR 4

Aujourd’hui c’est le grand jour, TF1 et Paris-Normandie vont débarquer sur l’île l’après-midi. Une équipe est dédiée au hissage du drapeau. Quand à moi je rejoins une grande équipe sur la digue de la Cognée. Le travail se fait une fois de plus dans la bonne ambiance. Le soleil tape en ce mois d’août et se réfléchi sur les pierres. Les bouteilles de jus d’orange avec la collation de 11h sont les bienvenue. L’avantage de cette portion de la digue est indéniablement la tyrolienne qui permet d’acheminer les seaux de mortier, les outils et les collations :p

L’après-midi, pendant que les journalistes font le tour des lieux accompagnés du président de l’association, une équipe retourne à la Cognée, une autre équipe à l’opposé sur la digue NE, bien sûr une équipe part à la chaux, et une autre équipe (dont je ferais partie) entreprend la construction d’une dalle pour le débarquement du port. Une après-midi bien chargée !

Le soir c’est tartiflette ! Un grand moment !

Mais c’est aussi le dernier coucher de soleil tous ensemble, car 4 membres de notre petit groupe partaient le lendemain.

JOUR 5

Aujourd’hui c’était la finalisation des travaux sur la Cognée, sur la digue NE et la dalle du port. La routine. La micro organisation qui s’est développée pendant la semaine est naturelle. Chacun se connais mieux que des collègues de longue date. On se répartie les tâches et s’entraident en fonction des facultés et des personnalités de chacun. Après les travaux du jour et les au revoir aux membres qui repartaient le jour même, on commence à ranger la poudrière, faire l’inventaire des vivres, planifier les repas avant le départ, et rassembler les affaires. On lit le livre d’or se trouvant dans la poudrière et on laisse le résumé de notre passage. Une belle équipe, une semaine pleine de rebondissements, quelques clashs, mais surtout surtout… des étoiles plein les yeux, le sentiment d’avoir œuvré pour le bien de ce lieu, afin de le préserver.

JOUR 6

Aujourd’hui c’est les vacances, pas de travaux prévu. On range le campement, on nettoie les traces de notre passage pour les futurs arrivants, des petits scouts. On leur fait une petite blague en leur laissant des instructions 😉

L’arrivée du bateau se fait à la limite du niveau de marée nécessaire pour pouvoir entrer dans le port. Mais il fallait faire vite, les membres du groupe ayant un train ne devait pas perdre de temps ! Initialement nous pensions partir à 10h, mais cela était impossible étant donné le niveau de l’eau. On embarque toutes les affaires sur le bateau de retour et regardons le fort, l’île, notre île, celle qui nous a accueilli, émerveillé, pendant une semaine… avec l’envie furieuse de revenir l’année prochaine…

Si vous voulez voir les vidéos du séjour elles sont disponibles en story à la une sur instagram !

N’hésitez pas à me demander les contacts si vous aussi vous voulez participer au chantier de l’île du large l’été prochain 😉

Poppy

Un commentaire sur « BENEVOLAT : Le chantier de rénovation du fort de l’île du large »

  1. Au 6e siècle, Marcouf, moine évangélisateur du Cotentin, trouve sur les îles un lieu propice à la méditation les jours de Carême. 1802 Napoléon 1er, conscient de leur importance, décide de fortifier l’Île du Large pour se protéger des anglais. Le fort est achevé en 1815. Il est alors armé de 48 canons, servis par une garnison de 500 hommes. Le Fort de l’île du Large était destiné à verrouiller la baie de Seine contre les Anglais.

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